Des films romantiques à en faire pleurer les moins sensibles, du popcorn à foisons, des pizzas, des sucreries, du soda (light évidemment, faire attention à sa ligne était primordial pour de si jolies filles) et une grande maison pour elles toutes seules, voilà ce qui était au programme de la soirée. Ana avait invité Camille pour qu’elles puissent passer un peu de temps entre filles, et s’évader de leurs occupations de la semaine. La demoiselle était la petite sœur qu’Anastasia n’avait jamais eue et cette dernière prenait plaisir à aider et écouter sa cadette à chaque fois qu’elle en ressentait le besoin. La soirée avait pris place dans la demeure new-yorkaise des Leroy-Cartwright. Ana y vivait seule la plupart du temps, William étant en cours et trainant plus souvent avec ses amis qu’étant avec sa sœur à la maison. Comme la jeune femme n’aimait pas vraiment être seule, elle se débrouillait toujours pour inviter quelqu’un ou pour s’inviter quelque part. Ce soir, elles ne seraient donc pas dérangées.

Il n’était que vingt-deux heures lorsque le deuxième film de leur soirée se termina. Logiquement, elles auraient dû en regarder un troisième. Seulement, Ana commençait à s’endormir (comprenez-la, elle était si bien dans son canapé puis elle avait tellement de trucs qu’elle s’assoupissait sans le vouloir), pas que les films ne soient pas intéressants, au contraire, mais le tout manquait un peu d’action. La jeune bailla et s’étira puis se leva d’un bond et se dirigea vers les escaliers menant à sa chambre. « Je reviens tout de suite, tu n’as qu’à mettre le troisième dvd en m’attendant. » s’excusa-t-elle auprès de Camille tout en lui offrant un sourire chaleureux. Elle grimpa les marches quatre à quatre et se rendit dans la salle de bain. Là, elle se mouilla le visage et se tapoter les joues pour se réveiller. C’est là qu’elle eut une idée. Ni une, ni deux elle fonça dans sa chambre, ôta son jogging et enfila une petite robe noire, tout simple et peigna grossièrement ses cheveux. Elle attrapa une autre de ses robes pour Camille, ainsi qu’une de ses trop nombreuses paires de chaussures, mit le tout dans un sac et descendit les escaliers aussi vite qu’elle les avait montés. Elle se faufila discrètement derrière sa cousine qui était toujours sagement assise dans le canapé. D’une main, elle mit un bandeau devant les yeux de cette dernière puis emprisonna sa bouche et de son autre bras elle l’attrapa par la taille avant de la trainer dehors. Ana ne dit mot, se mordant la lèvre pour éviter de se faire griller. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait fait ça : son impulsivité, son gout pour l’imprévu, son désir de faire une petite farce à sa cousine. Arrivées devant le garage (qui était bien sûr déjà ouvert, pratique), Ana attrapa un casque qu’elle mit sur la tête de Camille, toujours sans dire un mot et sans enlever non plus le bandeau qui lui cachait la vue. Elle enfila ensuite le sien, fit grimper la cadette sur sa moto et y monta à son tour.

L’air frais du soir frappait de plein fouet les jambes d’Ana qui n’avait encore jamais conduit dans une telle tenue. Avoir les jambes découvertes et des talons n’était pas vraiment conseillé quand on faisait de la moto mais elle n’avait peur de rien. Les deux jeunes femmes arrivèrent sans souci, aucun, devant l’Awesome, la boite qui régnait sur la nuit new-yorkaise et qui appartement à la mère et à l’oncle d’Ana. C’était une partie de son héritage, en quelque sorte, et elle faisait partie des vips. Elle n’avait pas besoin de montrer patte blanche à l’entrée, les vigiles la connaissaient et la laissaient automatiquement passer. La jeune femme se gara non loin de l’entrée et ce n’est que là qu’elle « délivra » Camille. Elle la fit descendre délicatement, l’aida à enlever son casque et le bandeau sur ses yeux. La première chose que vit la plus jeune fut le sourire de celle qui l’avait kidnappée. « Je suis désolée de t’avoir fait peur comme ça mais je ne suis pas sûre que tu aurais accepté de me suivre autrement. » Elle lui fit un nouveau sourire désolé puis l’attrapa par la main, sac sur l’épaule. Lorsqu’elles entrèrent dans l’établissement, elles furent attaquées par le son de la musique trop fort et les lumières aveuglantes. Toujours en la tenant par la main, sac sur l’épaule, Ana l’entraina jusqu’aux toilettes, auxquelles elles eurent du mal à accéder à cause du nombre impressionnant de personnes qui s’étaient données rendez-vous ici. « Je me doutais que tu ne tiendrais pas à être vue en pyjama donc j’ai tout prévu. » Elle lui tendit le sac. « Une de mes robes préférées qui t’ira à merveille. Si elle te plait je te la donne. » Elle la poussa ensuite dans une des cabines de toilette et se dirigea vers la sortie. « Rejoins-moi quand tu as fini, je t’attends dehors. » Elle lui fit un clin d’œil puis referma la porte derrière elle. Ana n’avait pas vraiment laissé à Camille le temps de réagir. Elle espérait que son idée lui plaise et qu’elle ne soit pas trop déboussolée… Elle voulait juste qu’elle s’amuse un peu et décompresse.

Malgré les protestations de sa cousine, Ana l’avait trainée de force dans l’Awesome, au milieu de tous ces gens qui dansaient, buvaient, s’amusaient. La réaction de Camille était compréhensible : elle n’avait pas du tout prévu de sortir de chez elle, elle n’était pas coiffée, pas maquillée, pas habillée en circonstance, elle n’était pas du tout préparée en clair. Boarf, les gens étaient trop occupés pour faire attention à une jeune femme en pyjama. Il y avait tellement de monde là-dedans, de toute façon. Les deux jeunes femmes arrivèrent dans les toilettes avec un peu de mal mais y arrivèrent quand même. Ana avait pris une robe et des chaussures pour la brunette, elle n’allait pas lui faire deux farces de suite. Surtout que si la première avait été plutôt drôle, pour elle, ce n’allait pas forcément être le cas de la seconde. La blonde était ensuite sortie des toilettes, laissant sa cousine se changer et se préparer. Elle pouvait prendre le temps qu’il lui fallait. Ana resta postée devant la porte, pas vraiment pour réguler l’entrée le temps que Camille se change, mais plutôt pour l’attendre. Il y avait tellement de monde qu’elles pouvaient se perdre facilement et elle ne voulait pas laisser celle qu’elle considérait comme sa petite sœur toute seule. Du coup, elle observait ce qui se passait dans la grande salle de l’Awesome, faisant circuler son regard des banquettes au bar en passant par la piste de danse.

Camille sortit dix minutes plus tard environ. Pas qu’Ana ait compté mais… c’était un chiffre qui sonnait bien tout simplement. Elle se recula de quelques centimètres, tenant sa cousine pour ne pas qu’elle bouge. « Cette robe te va vraiment mieux qu’à moi. » Et elle ne disait pas simplement pour lui faire plaisir, elle le pensait réellement. Camille était un magnifique petit bout de femme et elle allait faire des ravages partout où elle irait. C’était de famille - même si elles n’appartenaient pas exactement à la même famille, tous ceux qui appartenaient au clan De La Vega-Warren-Rajat-Leroy-Cartwright-Alvarez étaient des êtres parfaits. « Prête ? » demanda-t-elle tout en lui attrapant une nouvelle fois la main. Ana était excitée, ses yeux brillaient : elle n’était pas venue ici depuis un moment et elle était surtout contente de passer cette soirée avec Camille. « De toute façon, tu n’as pas vraiment le choix ! » ajouta-t-elle sans lui laisser le temps de répondre avant de l’entrainer vers la salle, et plus précisément le bar. Arrivées à destination, Ana pris place sur un des tabourets et vira gentiment un jeune homme assis sur celui d’à côté, lui promettant une danse plus tard. Inutile de préciser qu’elle ne tiendrait pas sa promesse. « Deux vodkas framboise. » commanda-t-elle au barman. Elles furent servies rapidement et déjà, Ana but une gorgée de sa boisson. Elle était accoudée au bar, regardant la piste de danse, jetant quelques coups d’œil à Camille de temps en temps. « Alors, t’en penses quoi ? C’est pas si terrible que ça non ? » Elle criait presque, c’était nécessaire pour qu’elle puisse se faire entendre. « Tu veux qu’on aille danser ? Qu’on aille ailleurs ? Qu’on reste ici ? C’est toi qui choisit. »

Merci Ana. Ana secoua doucement la tête en souriant. Camille n’avait pas besoin de la remercier, c’était plutôt le contraire. La jeune femme n’avait pas ménagé sa cadette en la kidnappant, lui bandant le visage, en la faisant monter de force sur une moto, en l’emmenant dans un endroit qu’elle n’avait pas l’habitude de fréquenter et dont elle n’était pas friande et enfin en la forçant un traverser un endroit bondé en pyjama. Vraiment, la petite brune aurait dû lui en vouloir plus qu’autre chose parce qu’à sa place, Ana n’aurait pas apprécié d’être trainée ainsi et forcée à faire des choses qu’elle n’aimait pas. Elle prit Camille par les épaules, la forçant à la regarder dans les yeux. « Tu n’as pas à me remercier tu sais. Ça me fait plaisir. Puis je suis contente que tu ne m’en veuilles pas trop ! » Un air malicieux d’empara du visage de la jeune femme. Elle attrapa la main de sa cousine et la tira jusqu’au bar, jouant des coudes pour qu’elles puissent passer. Ana était presque choquée que les gens ne se poussent pas et leur fasse une haie d’honneur. Après tout, elles étaient des princesses et l’endroit était quelque part leur héritage. J’ai bien compris que ce soir je n’avais rien à dire. Ana haussa les épaules sans se départir de son sourire. Comme si elle allait se sentir coupable pour ça. Camille devait apprendre à s’amuser, ça lui ferait le plus grand bien. Mais finalement je suis contente que tu m’ais emmené ici. Ça peut être sympa. Camille ne semblait pas convaincue par ce qu’elle disait. Ana prit un air autoritaire tout d’un coup et secoua la tête. « Veux-tu être un peu plus enthousiaste, s’il te plait ! Ce n’est pas l’enfer ici. Puis tu es avec moi. Je te promets que ce sera la meilleure soirée de ta vie. » Après quoi, elle leur commanda deux vodkas framboise, une de ses boissons préférées. Elle tendit son verre à Camille. Celle-ci s’en empara avec peu d’assurance mais en but quand même une gorgée. Ana était très fière d’elle et l’applaudit, excitée aussi. Sa cousine n’avait pas vraiment le droit de boire mais tout le monde bravait cet interdit alors. Elle allait garder un œil sur elle de toute façon et ne pas lui laisser faire n’importe quoi. Quand on n’avait pas l’habitude de boire et de faire la fête on avait tendance à se laisser entrainer un peu trop facilement. [/color]C’est cool. Merci cousine de m’avoir bougé un peu. Ana but une gorgée de son verre à son tour et le leva pour trinquer. « Merci à toi, surtout ! C’est bien mieux qu’une soirée dvd à la maison non ? Ou que de rester enfermée chez toi. Ça ne peut pas te faire de mal de toute façon. » La jeune femme finit son verre, le posa sur la table et se leva tout d’un bond. Elle demanda à Camille ce qu’elle voulait faire ensuite. On peut aller danser, oui. Parfait. Un large sourire vint étirer les lèvres de la blonde et elle entraina de nouveau sa cadette sur la piste. Arrivées au centre, Ana commença à bouger au rythme de la musique, encourageant Camille à faire de même. Après quelques minutes, elle se colla à la brune et se pencha pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. « Ça va, tu ne te sens pas trop mal à l’aise ? Si tu veux qu’on aille ailleurs tu me le dis surtout, je ne voudrais pas que tu gardes un mauvais souvenir de cette soirée. En tout cas, j’espère que tu profites de l’ambiance et de la vue ! » Elle faisait allusions à tous les mecs canons qui les entouraient.